Six questions pour France St-Hilaire sur la prospérité, les résidus miniers, et l’importance de saisir le moment pour susciter le débat public

France St-Hilaire
La pollution

Comme l’a dit Winston Churchill, « si vous mettez deux économistes dans une pièce, vous obtenez deux opinions, à moins que l’un d’eux soit Lord Keynes, dans ce cas, vous en obtiendrez trois. » Donc qu’est-ce qui arrive lorsque vous mettez 12 économistes renommés dans une salle et leur demandez de se concentrer sur l’un des plus grands défis de notre temps : la croissance de la prospérité économique et l’amélioration de l’environnement au Canada? Vous obtenez la Commission de l’écofiscalité du Canada. Cette Série de blogues avec les commissaires vous donne un aperçu de la diversité des personnalités et des perspectives qui alimente notre travail — et ce qu’il faut pour démêler toutes ces grandes questions ensemble.

  1. Pourquoi le Canada a-t-il besoin d’une Commission de l’écofiscalité?

On a tendance au Canada à discuter de tous les enjeux entourant la protection de l’environnement comme allant nécessairement à l’encontre de la croissance économique. C’est comme s’il fallait toujours faire l’arbitrage entre les deux. Alors que nous, en tant que groupe d’économistes, on est en mesure de présenter des arguments solides pour dire qu’il y a moyen de faire mieux et qu’il est possible de poursuivre les deux objectifs en même temps. C’est là la force de cette commission.

  1. Les économistes appellent les dommages environnementaux une « externalité » — un coût que les entreprises n’ont pas à payer. Quels sont certains des exemples les plus inquiétants de cela?

Le Canada a une économie qui est en grande partie fondée sur ses ressources naturelles, que ce soit l’agriculture, les mines, la forêt, la pêche, le secteur de l’énergie. On peut regarder par exemple l’exploitation minière, qui laisse derrière beaucoup de matières résiduelles qui peuvent contaminer les sols. C’est souvent le secteur public qui est pris pour réparer les dommages et nettoyer les déchets par la suite. Si on imposait aux compagnies minières de payer le plein prix pour les dommages qu’elles occasionnent, il est tout probable que ceci changerait leurs calculs économiques et leurs façons de faire.

  1. Comment les dommages à l’environnement affectent-ils la prospérité future du Canada?

Ce n’est pas seulement la prospérité future du Canada qui est en jeu, c’est un problème à l’échelle internationale. Mais le Canada dépend énormément de son capital naturel pour alimenter sa croissance économique. Si on endommage l’environnement, ça aura des conséquences immédiates et à long terme sur nos perspectives de croissance économique.

  1. Vous êtes Vice-présidente à la recherche à l’Institut de recherche en politiques publiques. Un de vos domaines de recherche est la compétitivité, la productivité et la croissance économique. Comment est-ce que l’écofiscalité s’intègre dans ce programme de recherche?

Nous avons publié quelques études au cours des dernières années qui sont directement reliées aux enjeux de l’écofiscalité. Une de celles-ci examine comment les gouvernements peuvent encourager et accroître l’innovation dans le secteur de l’énergie pour nous permettre de mieux réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Les auteurs font valoir qu’une taxe sur le carbone par exemple, bien qu’utile en soi, serait d’autant plus efficace si on se servait des revenus qu’elle engendre pour encourager directement l’innovation et le développement de nouvelles technologies dans le secteur de l’énergie car elles sont essentielles pour atteindre nos objectifs.

  1. Qu’est-ce qui vous excite le plus de servir à la Commission?

Je considère que ceci est un des enjeux les plus importants — sinon le plus important — que doit confronter le Canada dans les années à venir. J’aime aussi l’idée de travailler de concert avec d’autres économistes et d’utiliser nos cadres d’analyse pour mettre de l’avant des arguments qui disent « oui, il y a d’autres façons de procéder pour faire avancer le pays ».

  1. Est-ce que vous êtes optimiste que la Commission va avoir du succès?

C’est le bon moment justement au Canada d’avoir cette discussion-là. Je pense que nous réussirons à tout le moins à susciter et à informer le débat public sur cette grande question et que ceci sera un gage de succès.


À propos de l’auteur

France St-Hilaire est la Vice-présidente à la recherche à l’Institut de recherche en politiques publiques et un commissaire de la Commission de l’écofiscalité du Canada.

 

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