L’aggravation de la congestion routière menace l’économie montréalaise et la santé ds citadins, prévient un rapport su la question

  • La Commission de l’écofiscalité du Canada propose de mettre sur pied un projet pilote de tarification routière en vue réduire la congestion dans le Grand Montréal.

Montréal, 2 novembre 2015 — La grande majorité des Montréalais affirment qu’il est devenu trop difficile de circuler en ville et qu’il faut résoudre ce problème de congestion avant qu’il ne s’aggrave, selon un rapport publié aujourd’hui par la Commission de l’écofiscalité du Canada.

Mais les navetteurs du Grand Montréal ne sont pas seuls à subir une congestion qui nuit à l’économie de tout le pays et menace la santé des Canadiens, déclare le président de la Commission Chris Ragan, professeur agrégé d’économie à l’Université McGill et ancien conseiller spécial du gouverneur de la Banque du Canada.

« La congestion des ponts, routes et autoroutes fait perdre un temps précieux aux navetteurs et ralentit la circulation des marchandises, explique M. Ragan, ce qui réduit l’efficience de notre économie et fait augmenter les prix de la plupart des produits que nous achetons. »

Les temps de déplacement sont plus longs à Montréal que presque partout ailleurs pays, ajoute-t-il, la moitié des Montréalais consacrant chaque jour au moins deux heures à l’aller-retour entre le travail et la maison.

« La congestion réduit aussi la qualité de vie de milliers de navetteurs exaspérés, souvent tenus de faire des choix difficiles entre lieu de résidence et de travail, ce qui alourdit encore ses coûts, poursuit Chris Ragan. Et elle accroît la pollution atmosphérique causée par les véhicules, celle-ci contribuant à des problèmes de santé comme l’asthme, l’hypertension artérielle, les affections cardiovasculaires, le diabète et le stress. »

Dans son nouveau rapport, Congestion fluide en vue – Tarifer la congestion pour mieux la combattre, la Commission de l’écofiscalité recommande de mettre sur pied des projets pilotes dans les villes canadiennes pour déterminer si la « tarification de la congestion », appliquée dans le cadre d’un ensemble cohérent de mesures, aiderait à résoudre les problèmes de circulation.

Pour le Grand Montréal, la Commission propose, par exemple, de mettre à l’essai un péage harmonisé aux ponts afin de rassembler des données sur l’efficacité de la tarification dans toute la région. « Certains péages uniques ont permis de réduire la congestion sur quelques ponts et autoroutes, reconnaît Chris Ragan, mais ils ne font souvent que déplacer la circulation vers d’autres routes. Il faut donc réduire le trafic entrant sur l’île et sortant du centre-ville. Or tous les ponts sont source de goulots d’étranglement. »

Pour une efficacité optimale, le péage devrait varier selon les heures de pointe et s’appliquer conjointement avec une expansion du transport en commun. « Il faudrait aussi composer avec les nombreux travaux de voirie en cours à Montréal, précise Chris Ragan, qui causent des retards embêtants mais temporaires, et dont tiendrait compte un projet pilote soigneusement bien. »

Face au développement de nos villes, et à la hausse des taux d’urbanisation et de motorisation qui s’ensuit, la congestion routière et les coûts qui lui sont associés devraient encore s’accroître. Et « plus ces coûts augmenteront, note Chris Ragan, plus il sera profitable de réduire la congestion ».

L’expansion des capacités de transport — l’approche traditionnellement privilégiée au Canada pour réduire la congestion — ne suffit pas à résoudre le problème. En revanche, une somme grandissante de données et d’expériences démontrent l’efficacité de la tarification de la congestion, surtout quand elle s’inscrit dans un train de mesures prévoyant l’amélioration du transport en commun et de l’infrastructure routière.

« Plusieurs villes du monde tarifent la congestion au profit de leur économie et des automobilistes, note Chris Ragan, et il serait intéressant de savoir si elle peut produire les mêmes effets dans le Grand Montréal. »

Les études de cas présentées dans le rapport témoignent de plusieurs réussites. Au Minnesota, par exemple, la circulation est toujours fluide sur les voies HOT (voies tarifées réservées au covoiturage), et la vitesse de la circulation a augmenté de 6 % sur les voies ordinaires depuis leur aménagement. Et dans le cadre d’un projet pilote en Oregon, les conducteurs payant un tarif au kilomètre plus élevé aux heures de pointe ont réduit leurs déplacements de 22 % durant cette période par rapport à ceux qui payaient un tarif fixe.

Selon Chris Ragan, la tarification de la congestion est la pièce manquante et pourtant essentielle d’un ensemble cohérent de mesures que doivent examiner les villes canadiennes : « Il est certes important de développer le transport en commun et le réseau routier, mais on ne peut réduire la congestion sans créer d’incitation efficace. C’est ici qu’entre en jeu la tarification de la congestion. »

Les projets pilotes devront tenir compte de la situation géographique de chaque ville, de leurs tracés de circulation et des pressions exercées sur leur réseau routier, estime M. Ragan. Et les municipalités devront participer activement à leur conception, vu la connaissance approfondie qu’elles ont de leurs problèmes de congestion. De leur côté, les provinces pourraient jouer un rôle clé de facilitation et de coordination, tandis qu’Ottawa devrait contribuer au financement des projets et à la diffusion de leurs résultats.

« Il faut donner aux Montréalais l’occasion de faire l’essai de la tarification de la congestion, d’en constater les résultats et de décider eux-mêmes de l’intérêt de cette approche, conclut le président de la Commission. Plus généralement, il faut faire bouger les choses dans toutes les villes du pays, et on ne pourra y arriver sans un fructueux débat sur la tarification de la congestion. »

À propos de la Commission de l’écofiscalité du Canada

Fondée en novembre 2014, la Commission de l’écofiscalité du Canada vise à promouvoir des réformes et des orientations stratégiques qui profitent à l’économie canadienne et à l’environnement. Elle regroupe une douzaines d’économistes chevronnés et 18 conseillers de toutes les régions du pays, parmi lesquels d’anciens dirigeants politiques et chefs d’entreprise.

Au cours des cinq prochaines années, la Commission publiera des études et formulera des recommandations axées sur la situation unique et la diversité régionale, économique et politique du Canada. Elle examinera des enjeux clés pour les Canadiens et les décideurs, des réserves d’eau douce à la qualité de l’air en passant par les catastrophes environnementales, les gaz à effet de serre, les transports et la congestion routière.

La Commission a forgé le mot écofiscalité pour désigner l’approche qui guide ses travaux, centrés sur des objectifs à la fois écologiques, économiques et fiscaux, et pour faciliter les échanges sur les solutions qu’elle préconise. Elle est financée par plusieurs fondations familiales et entreprises canadiennes.

Pour de plus amples renseignements sur la Commission et pour lire ses rapports : www.ecofiscal.ca

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Renseignements :
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